corneille discours sur le poème dramatique

Broché. En second lieu, les moeurs doivent être convenables. Le monologue d'Emilie, qui ouvre le théâtre dans Cinna, fait assez connaître qu'Auguste a fait mourir son père, et que pour venger sa mort elle engage son amant à conspirer contre lui ; mais c'est par le trouble et la crainte que le péril où elle expose Cinna jette dans son âme, que nous en avons la connaissance. La seule règle qu'on y peut établir, c'est qu'il les faut placer judicieusement, et surtout les mettre en la bouche de gens qui ayent l'esprit sans embarras, et qui ne soient point emportés par la chaleur de l'action. Surtout le poète se doit souvenir que quand un acteur est seul sur le théâtre, il est présumé ne faire que s'entretenir en lui-même, et ne parle qu'afin que le spectateur sache de quoi il s'entretient, et à quoi il pense. Il explique la première assez au long, mais il ne dit pas un mot de la der… Trois Discours sur le poème dramatique de Pierre Corneille par * aux éditions Encyclopaedia Universalis. Quant à la première, c'est le péril d'un héros qui la constitue, et lorsqu'il en est sorti, l'action est terminée. Après les moeurs viennent les sentiments, par où l'acteur fait connaître ce qu'il veut ou ne veut pas, en quoi il peut se contenter d'un simple témoignage de ce qu'il se propose de faire, sans le fortifier de raisonnements moraux, comme je le viens de dire. En 1660, Corneille donne la première édition de ses oeuvres complètes en trois volumes. Trois Discours Sur Le Poème Dramatique book. Je parlerai au second des conditions particulières de la tragédie, des qualités des personnes et des événements qui lui peuvent fournir de sujet, et de la manière de le traiter selon le vraisemblable ou le nécessaire. 3  Aristote lui attribue les figures, que nous ne laissons pas d'appeler communément figures de rhétorique. Cette maxime est nouvelle et assez sévère, et je ne l'ai pas toujours gardée ; mais j'estime qu'elle sert beaucoup à fonder une véritable unité d'action, par la liaison de toutes celles qui concurrent dans le poème. En 1660, Corneille donnait une édition en trois volumes de son Théâtre complet qui faisait de son œuvre un monument. Je ne sais si j'en suis ; mais je veux avoir assez bonne opinion de moi pour n'en désespérer pas. puisque Horace est Romain. Je dis la même chose d'Antiochus. Dans cette diversité d'interprétations, chacun est en liberté de choisir, puisque même on a droit de les rejeter toutes, quand il s'en présente une nouvelle qui plaît davantage, et que les opinions des plus savants ne sont pas des lois pour nous. Tel est ce vieillard de Corinthe dans l'Oedipe de Sophocle et de Sénèque, où il semble tomber des nues par miracle, en un temps où les acteurs ne sauraient plus par où en prendre, ni quelle posture tenir, s'il arrivait une heure plus tard. Pierre Corneille (1606-1684) est peut-être le premier, en France, à se distinguer clairement de l' auteur employé-au-texte comme de l'auteur chef de troupe : il devient en effet l'« auteur dramatique » et, pour ce faire, établit sa légitimité sur plusieurs fronts. Cette dispute même serait très inutile, puisqu'il est impossible de plaire selon les règles, qu'il ne s'y rencontre beaucoup d'utilité. Lorsqu'on met sur la scène un simple intrique d'amour entre des rois, et qu'ils ne courent aucun péril, ni de leur vie, ni de leur état, je ne crois pas que, bien que les personnes soient illustres, l'action le soit assez pour s'élever jusques à la tragédie.  : […] … Jason était un perfide d'abandonner Médée, à qui il devait tout ; mais massacrer ses enfants à ses yeux est quelque chose de plus. Enfin, les Discours sur le Poème dramatique établissent un constant dialogue avec Aristote, et tout particulièrement avec sa Poétique : l'indépendance de Corneille éclate d'autant mieux qu'il pose à la fois l'universalité des principes Aristotéliciens et la nécessité de les interpréter librement en fonction des exigences du théâtre moderne. J'estime donc qu'il s'y en peut rencontrer de quatre sortes. Etat d'usage, Couv. J'ose dire la même chose du menteur. Quelquefois même ces discours sont nécessaires pour appuyer des sentiments dont le raisonnement ne se peut fonder sur aucune des actions particulières de ceux dont on parle. On n'y voit les premiers acteurs que réunis ensemble, et ils n'y ont plus d'intérêt qu'à savoir les auteurs de la fausseté ou de la violence qui les a séparés. Cette partie a besoin de la rhétorique pour peindre les passions et les troubles de l'esprit, pour consulter, délibérer, exagérer ou exténuer ; mais il y a cette différence pour ce regard entre le poète dramatique et l'orateur, que celui-ci peut étaler son art, et le rendre remarquable avec pleine liberté, et que l'autre doit le cacher avec soin, parce que ce n'est jamais lui qui parle, et que ceux qu'il fait parler ne sont pas des orateurs. CORNEILLE,TROIS DISCOURS SUR LE POEME DRAMATIQUE I - Discours de l’utilité du poème dramatique. Ainsi les sentiments de joie qu'ont deux amants qui se voient réunis après de longues traverses doivent être bien courts ; et je ne sais pas quelle grâce a eue chez les athéniens la contestation de Ménélas et de Teucer pour la sépulture d'Ajax, que Sophocle fait mourir au quatrième acte ; mais je sais bien que de notre temps la dispute du même Ajax et d'Ulysse pour les armes d'Achille après sa mort, lassa fort les oreilles, bien qu'elle partît d'une bonne main. Mais comme il faut qu'il exécute lui-même ce qui concerne les quatre premières, la connaissance des arts dont elles dépendent lui est absolument nécessaire, à moins qu'il aye reçu de la nature un sens commun assez fort et assez profond pour réparer ce défaut. Ces épisodes sont de deux sortes, et peuvent être composés des actions particulières des principaux acteurs, dont toutefois l'action principale pourrait se passer, ou des intérêts des seconds amants qu'on introduit, et qu'on appelle communément des personnages épisodiques. La raison en est que le choeur alors tenait lieu d'acteur, et que ce qu'il disait servait à l'action, et devait par conséquent être entendu ; ce qui n'eût pas été possible, si tous ceux qui le composaient, et qui étaient quelquefois jusqu'au nombre de cinquante, eussent parlé ou chanté tous à la fois. J'ajoute à ces trois discours généraux l'examen de chacun de mes poèmes en particulier, afin de voir en quoi ils s'écartent ou se conforment aux règles que j'établis. Fnac : Trois discours sur le poème dramatique, Pierre Corneille, Flammarion". Texte de 1660. «  TROIS DISCOURS SUR LE POÈME DRAMATIQUE, Pierre Corneille  » est également traité dans : Dans le chapitre « Corneille et le genre tragique » Notre siècle a inventé une autre espèce de prologue pour les pièces de machines, qui ne touche point au sujet, et n'est qu'une louange adroite du prince devant qui ces poèmes doivent être représentés. Texte de 1660. Pacius le tourne desides ; Victorius, inertes ; Heinsius, segnes ; et le mot de fainéants, dont je me suis servi pour le mettre en notre langue, répond assez à ces trois versions ; mais Castelvetro le rend en la sienne par celui de mansueti, "débonnaires ou pleins de mansuétude " ; et non seulement ce mot a une opposition plus juste à celui de colères, mais aussi il s'accorderait mieux avec cette habitude qu'Aristote appelle (...), dont il nous demande un bel exemplaire. Cette surprise aurait perdu la moitié de ses grâces s'il ne les eût point mandés dès le premier acte, ou si on n'y eût point connu Maxime pour un des chefs de ce grand dessein. J'y fais quelques courses, et y prends des exemples quand ma mémoire m'en peut fournir. Pour accorder ces deux sentiments qui semblent opposés l'un à l'autre, j'ai remarqué que ce philosophe dit ensuite que si un poète a fait de belles narrations morales et des discours bien sentencieux, il n'a fait encore rien par là qui concerne la tragédie. Ce sont des termes qu'il a si peu expliqués, qu'il nous laisse grand lieu de douter de ce qu'il veut dire. - Sur les théories de Corneille, voir ses Préfaces, Dédicaces, réactions personnelles à la Querelle du Cid, Examens de 1660, et les trois Discours sur le poème dramatique (Œuvres Complètes, coll. Découvrez et achetez le livre Trois discours sur le poème dramatique écrit par Pierre Corneille chez Flammarion sur Lalibrairie.com Ce n'est pas que je voulusse entièrement bannir cette dernière façon de s'énoncer sur les maximes de la morale et de la politique. Read reviews from world’s largest community for readers. En 1660, Corneille donnait une édition en trois volumes de son Théâtre complet qui faisait de son œuvre un monument. Trois discours sur le poème dramatique (texte de 1660) Pierre Corneille, Lui Petrovich Forest'e Snippet view - 1963. Tels sont Sosie dans son Andrienne, et Davus dans son Phormion, qu'on ne revoit plus après la narration écoutée, et qui ne servent qu'à l'écouter. Lire la suite. Je ne toucherai à présent qu'à ce qui regarde cette dernière, qu'Aristote définit simplement une imitation de personnes basses et fourbes. La plupart des poèmes, tant anciens que modernes, demeureraient en un pitoyable état, si l'on en retranchait tout ce qui s'y rencontre de personnages méchants, ou vicieux, ou tachés de quelque faiblesse qui s'accorde mal avec la vertu. : RO30143362: NON DATE. Élargissez votre recherche dans Universalis. Cette méthode est fort artificieuse ; mais je voudrais pour sa perfection que ces mêmes personnages servissent encore à quelque autre chose dans la pièce, et qu'ils y fussent introduits par quelque autre occasion que celle d'écouter ce récit. Si le poème en demeurait là, l'action ne serait pas complète, parce que l'auditeur sortirait dans l'incertitude de ce que cet empereur aurait ordonné de cet ingrat favori. L'événement … C'est ce qui me fait douter si le mot grec (...) a été rendu dans le sens d'Aristote par les interprètes latins que j'ai suivis. « Il est constant qu'il y a des préceptes, puisqu'il y a un art, mais il n'est pas constant quels ils sont » (premier Pierre Corneille (1606-1684) est peut-être le premier, en France, à se distinguer clairement de l'auteur employé-au-texte comme de l'auteur chef de troupe : il devient en effet l'« auteur dramatique » et, pour ce faire, établit sa légitimité sur plusieurs fronts. Comme ils avaient plus d'étude et de spéculation que d'expérience du théâtre, leur lecture nous peut rendre plus doctes, mais non pas nous donner beaucoup de lumières fort sûres pour y réussir. Corneille Trois Discours sur le Poème Dramatique Premier Discours : Discours de l’utilité et des parties du poème dramatique Introduction Selon Aristote : plaire aux Spectateurs. Clytemnestre se plaignait des concubines qu'Agamemnon ramenait de Troie ; mais il n'avait point attenté sur sa vie, comme elle fait sur la sienne ; et ces maîtres de l'art ont trouvé le crime de son fils Oreste, qui la tue pour venger son père, encore plus grand que le sien, puisqu'ils lui ont donné des furies vengeresses pour le tourmenter, et n'en ont point donné à sa mère, qu'ils font jouir paisiblement avec son Egisthe du royaume d'un mari qu'elle avait assassiné. Quoi qu'il en soit, cette définition avait du rapport à l'usage de son temps, où l'on ne faisait parler dans la comédie que des personnes d'une condition très médiocre ; mais elle n'a pas une entière justesse pour le nôtre, où les rois même y peuvent entrer, quand leurs actions ne sont point au-dessus d'elle. Trois discours sur le poème dramatique. Discours de la tragédie et des moyens de la traiter selon le vraisemblable ou le nécessaire. Monsieur De Balzac accorde ce privilège à une certaine espèce de gens, et soutient qu'ils peuvent dire d'eux-mêmes par franchise ce que d'autres diraient par vanité. Cela n'a pas besoin de commentaire ; je viens à la seconde partie du poème, qui sont les moeurs. Vous en trouverez ici quelques autres de cette nature. Trois discours sur le poème dramatique, Pierre Corneille, Flammarion. Ce n'est pas qu'on ne puisse faire une tragédie d'un sujet purement vraisemblable : il en donne pour exemple la fleur d'Agathon, où les noms et les choses étaient de pure invention, aussi bien qu'en la comédie ; mais les grands sujets qui remuent fortement les passions, et en opposent l'impétuosité aux lois du devoir ou aux tendresses du sang, doivent toujours aller au-delà du vraisemblable, et ne trouveraient aucune croyance parmi les auditeurs, s'ils n'étaient soutenus, ou par l'autorité de l'histoire qui persuade avec empire, ou par la préoccupation de l'opinion commune qui nous donne ces mêmes auditeurs déjà tout persuadés. Achetez neuf ou d'occasion Ainsi pour expliquer ce passage d'Aristote par l'autre, nous pouvons dire que quand il parle d'une tragédie sans moeurs, il entend une tragédie où les acteurs énoncent simplement leurs sentiments, ou ne les appuient que sur des raisonnements tirés du fait, comme Cléopâtre dans le second acte de Rodogune, et non pas sur des maximes de morale ou de politique, comme Rodogune dans son premier acte. Cette entreprise méritait une longue et très exacte étude de tous les poèmes qui nous restent de l'antiquité, et de tous ceux qui ont commenté les traités qu'Aristote et Horace ont faits de l'art poétique, ou qui en ont écrit en particulier ; mais je n'ai pu me résoudre à en prendre le loisir ; et je m'assure que beaucoup de mes lecteurs me pardonneront aisément cette paresse, et ne seront pas fâchés que je donne à des productions nouvelles le temps qu'il m'eût fallu consumer à des remarques sur celles des autres siècles. Trois discours sur le poème dramatique - Pierre Corneille - Date de parution : 20/04/1999 - Flammarion - Collection : GF-Dossier - En 1660, Corneille donnait une édition en trois volumes de son Théâtre complet qui faisait de son ?uvre un monument. Aristote leur prescrit quatre conditions, qu'elles soient bonnes, convenables, semblables, et égales. . Faut-il lire dès lors les Trois discours sur le poème dramatique qui ouvrent chacun des volumes comme une manière de testament poétique délivré par un dra Il n'est ni vrai ni vraisemblable qu'Andromède, exposée à un monstre marin, aye été garantie de ce péril par un cavalier volant, qui avait des ailes aux pieds ; mais c'est une erreur que l'antiquité a reçue, et comme elle l'a transmise jusqu'à nous, personne ne s'en offense quand il la voit sur le théâtre. https://www.universalis.fr/encyclopedie/trois-discours-sur-le-poeme-dramatique/, dictionnaire de l'Encyclopædia Universalis. 1 2 4 5 Liste de citations - Les citations de Pierre Corneille Je suis Romaine, hélas ! Le contraire s'est vu dans la Mariane, dont la mort, bien qu'arrivée dans l'intervalle qui sépare le quatrième acte du cinquième, n'a pas empêché que les déplaisirs d'Hérode, qui occupent tout ce dernier, n'ayent plu extraordinairement ; mais je ne conseillerais à personne de s'assurer sur cet exemple. Retrouvez Théâtre de Corneille: Précédé Des Discours Sur Le Poème Dramatique; Suivi d'Un Examen Analytique Des Pièces Non Comprises Dans La Présente Édition Et d'Un Choix de Poésies Diverses et des millions de livres en stock sur Amazon.fr. Il faut donc savoir quelles sont ces règles ; mais notre malheur est qu'Aristote et Horace après lui en ont écrit assez obscurément pour avoir besoin d'interprètes, et que ceux qui leur en ont voulu servir jusques ici ne les ont souvent expliqués qu'en grammairiens ou en philosophes. Au contraire, ils l'en bannissaient souvent ; et ceux qui voudront considérer les miennes, reconnaîtront qu'à leur exemple je ne lui ai jamais laissé y prendre le pas devant, et que dans Le Cid même, qui est sans contredit la pièce la plus amoureuse que j'aye faite, le devoir de la naissance et le soin de l'honneur l'emportent sur toutes les tendresses qu'il inspire aux amants que j'y fais parler. Trois discours sur le poème dramatique. C'est ce qu'il m'apprend lui-même un peu après, en disant que le (...) du choeur est la première chose que dit tout le choeur ensemble. C'est le propre d'un jeune homme d'être amoureux, et non pas d'un vieillard ; cela n'empêche pas qu'un vieillard ne le devienne : les exemples en sont assez souvent devant nos yeux ; mais il passerait pour fou s'il voulait faire l'amour en jeune homme, et s'il prétendait se faire aimer par les bonnes qualités de sa personne. Car, je le répète encore, faire un poème de théâtre où aucun des acteurs ne soit bon ni méchant, prudent ni imprudent, cela est absolument impossible. Il est vrai qu'à bien considérer ces actions qu'ils choisissaient pour la catastrophe de leurs tragédies, c'étaient des criminels qu'ils faisaient punir, mais par des crimes plus grands que les leurs. Fnac : Trois discours sur le poème dramatique, Pierre Corneille, Flammarion". Elle est maîtresse des événements, et le choix qu'elle nous donne de ceux qu'elle nous présente enveloppe une secrète défense d'entreprendre sur elle, et d'en produire sur la scène qui ne soient pas de sa façon. . Je hasarderai quelque chose sur trente ans de travail pour la scène, et en dirai mes pensées tout simplement, sans esprit de contestation qui m'engage à les soutenir, et sans prétendre que personne renonce en ma faveur à celles qu'il en aura conçues. . Bien que, selon Aristote, le seul but de la poésie dramatique soit de plaire aux spectateurs, et que la plupart de ces poèmes leur ayent plu, je veux bien avouer toutefois que beaucoup d'entre eux n'ont pas atteint le but de l'art. Encore que souvent il ne donne pas toutes les lumières nécessaires pour l'entière intelligence du sujet, et que tous les acteurs n'y paraissent pas, il suffit qu'on y parle d'eux, ou que ceux qu'on y fait paraître ayent besoin de les aller chercher pour venir à bout de leurs intentions. C'est cet intérêt qu'on aime à prendre pour les vertueux qui a obligé d'en venir à cette autre manière de finir le poème dramatique par la punition des mauvaises actions et la récompense des bonnes, qui n'est pas un précepte de l'art, mais un usage que nous avons embrassé, dont chacun peut se départir à ses périls. Il y a du rapport de la dureté à la colère ; et c'est ce qu'attribue Horace à celle d'Achille en ce vers : (...). Ce n'est pas encore assez ; il faut savoir ce qui réussira de cette conspiration. Ils en écoutaient l'histoire, qui leur était racontée par un autre acteur ; et par ce récit qu'on leur en faisait, l'auditeur demeurait instruit de ce qu'il devait savoir. Discours des trois unités d'action, de jour et de lieu.] 1  Lisez « Trois Discours sur le poème dramatique de Pierre Corneille Les Fiches de lecture d'Universalis » de Encyclopaedia Universalis disponible chez Rakuten Kobo. Je ne puis comprendre comment on a voulu entendre par ce mot de bonnes, qu'il faut qu'elles soient vertueuses. Il faut donc qu'une action, pour être d'une juste grandeur, aye un commencement, un milieu et une fin. En 1660, Corneille donnait une édition en trois volumes de son Théâtre complet qui faisait de son œuvre un monument. La diction dépend de la grammaire. Ainsi ces deux qualités, dont quelques interprètes ont beaucoup de peine à trouver la différence qu'Aristote veut qui soit entre elles sans la désigner, s'accorderont aisément, pourvu qu'on les sépare, et qu'on donne celle de convenables aux personnes imaginées, qui n'ont jamais eu d'être que dans l'esprit du poète, en réservant l'autre pour celles qui sont connues par l'histoire ou par la fable, comme je le viens de dire. Sa dignité demande quelque grand intérêt d'état, ou quelque passion plus noble et plus mâle que l'amour, telles que sont l'ambition ou la vengeance, et veut donner à craindre des malheurs plus grands que la perte d'une maîtresse. Clytemnestre et son adultère tuent Agamemnon impunément ; Médée en fait autant de ses enfants, et Atrée de ceux de son frère Thyeste, qu'il lui fait manger. Euripide en a usé assez grossièrement, en introduisant, tantôt un dieu dans une machine, par qui les spectateurs recevaient cet éclaircissement, et tantôt un de ses principaux personnages qui les en instruisait lui-même, comme dans son Iphigénie, et dans son Hélène, où ces deux héroïnes racontent d'abord toute leur histoire, et l'apprennent à l'auditeur, sans avoir aucun acteur avec elles à qui adresser leur discours. Read reviews from world’s largest community for readers. Il fait les jeunes gens prodigues et les vieillards avares : le contraire arrive tous les jours sans merveille ; mais il ne faut pas que l'un agisse à la manière de l'autre, bien qu'il aye quelquefois des habitudes et des passions qui conviendraient mieux à l'autre. Ainsi ce que j'ai avancé dès l'entrée de ce discours, que la poésie dramatique a pour but le seul plaisir des spectateurs, n'est pas pour l'emporter opiniâtrement sur ceux qui pensent ennoblir l'art, en lui donnant pour objet de profiter aussi bien que de plaire. C’est pourquoi, selon cet auteur, il faut se plier à certaines règles ; la difficulté, dit Corneille, n’est pas dans les règles mais dans la manière de les comprendre. consulté le 15 janvier 2021. Cela fait que quand il en demeure accablé, nous sortons avec chagrin, et remportons une espèce d'indignation contre l'auteur et les acteurs ; mais quand l'événement remplit nos souhaits, et que la vertu y est couronnée, nous sortons avec pleine joie, et remportons une entière satisfaction et de l'ouvrage, et de ceux qui l'ont représenté. Il faut observer l'unité d'action, de lieu, et de jour, personne n'en doute ; mais ce n'est pas une petite difficulté de savoir ce que c'est que cette unité d'action, et jusques où peut s'étendre cette unité de jour et de lieu. Mais il n'y en a point de l'équité à la fainéantise, et je ne puis voir quelle part elle peut avoir en son caractère. Trois discours sur le poème dramatique : présentation du livre de Pierre Corneille publié aux Editions Flammarion. J'avouerai toutefois que les discours généraux ont souvent grâce, quand celui qui les prononce et celui qui les écoute ont tous deux l'esprit assez tranquille pour se donner raisonnablement cette patience. [Discours de l'utilité et des parties du poème dramatique. Mais je souhaiterais qu'on l'observât inviolablement quand on fait concurrer deux actions différentes, bien qu'ensuite elles se mêlent ensemble. Cléopâtre, dans Rodogune, est très méchante ; il n'y a point de parricide qui lui fasse horreur, pourvu qu'il la puisse conserver sur un trône qu'elle préfère à toutes choses, tant son attachement à la domination est violent ; mais tous ses crimes sont accompagnés d'une grandeur d'âme qui a quelque chose de si haut, qu'en même temps qu'on déteste ses actions, on admire la source dont elles partent. Je n'en dissimulerai point les défauts, et en revanche je me donnerai la liberté de remarquer ce que j'y trouverai de moins imparfait. Il n'en est pas de même des Maures dans. View all » Common terms and phrases. Outre les trois utilités du poème dramatique dont j'ai parlé dans le discours que j'ai fait servir de préface à la première partie de ce recueil, la tragédie a celle-ci de particulière que par la pitié et la crainte elle purge de semblables passions. Il n'en est pas de même des Maures dans Le Cid, pour lesquels il n'y a aucune préparation au premier acte. Ainsi, il regarde d'un œil nouveau la catharsis, malaisée à comprendre et encore plus difficile à réaliser ; l'unité de jour, dont Aristote ne parle que fort peu et dont les théoriciens modernes font un dogme très étroit ; l'unité de lieu, dont le philosophe grec ne dit rien, mais que les modernes encensent sans grande raison ; enfin l'unité d'action, bien fondée, et fort utile en effet. Corneille parle, comme il le souligne, selon son « expérience du Théâtre, et [selon] les réflexions sur ce que j'ai vu y plaire, ou déplaire ». Texte de 1660. Les anciens s'en sont fort écartés, particulièrement dans les agnitions, pour lesquelles ils se sont presque toujours servis de gens qui survenaient par hasard au cinquième acte, et ne seraient arrivés qu'au dixième, si la pièce en eût dix. Il est à propos d'y mêler l'amour, parce qu'il a toujours beaucoup d'agrément, et peut servir de fondement à ces intérêts, et à ces autres passions dont je parle ; mais il faut qu'il se contente du second rang dans le poème, et leur laisse le premier.
corneille discours sur le poème dramatique 2021